J’ai découvert que ma vraie mission était d’aider les femmes à croire en elles, d’une manière ou d’une autre. Ma manière de le dire est de les accompagner, de leur dire “si vous avez le souhait de créer une entreprise, je vous aiderai à faire en sorte que ça marche et vous croirez en vous”.
- Qui êtes-vous ?
Je suis l’une des deux co-fondatrices de L-Start : une plateforme digitale qui accompagne toutes les porteuses de projet et les jeunes créatrices d’entreprise, en démocratisant l’accès à un réseau d’expertes qualifiées et des informations essentielles via un outil très méthodologique. Je suis également mentor, consultante et j’enseigne en Ecole de commerce.
- Quel a été votre parcours ?
Diplômée d’école de commerce, j’ai eu une carrière corporate dans le domaine de la parapharmacie pendant 12 ans. Conjointe expatriée pendant près de 10 ans, j’ai dû à chaque changement de pays batailler pour assurer la continuité de mes postes. L’entrepreneuriat a été pour moi la solution pour avoir une carrière nomade.
J’ai eu plusieurs expériences entrepreneuriales : une première en tant qu’actionnaire dans un laboratoire pharmaceutique en Suisse puis une expérience en solo à Dubaï dans le conseil en export. Nous avons créé L-Start en février 2015 et lancé la plateforme en juin 2016. Nous sommes heureuses d’avoir accompagné à ce jour, un peu plus de 500 femmes entrepreneures.
- Pourquoi avoir lancé votre structure ?
L-Start correspond à un moment de ma vie où j’ai eu besoin d’être formée et d’être accompagnée pour créer une entreprise. Je ne trouvais pas du tout ce dont j’avais besoin. De plus, comme j’étais à l’étranger, je ne pouvais pas bénéficier des offres traditionnelles comme BGE ou les accompagnements des CCI par exemple disponibles en France.
Nous avons alors créé avec Dominique un outil en ligne : efficace, pratico-pratique et flexible réunissant tout ce que nous avons appris au cours de nos différentes expériences entrepreneuriales.
- En quoi être une femme est selon vous un avantage ou un inconvénient dans le monde entrepreneurial ?
Ni l’un ni l’autre : je n’ai pas ressenti de genre en entreprenant. On ne m’a ni fermé ni ouvert de portes. Ma seule réalité est, qu’en étant épouse d’expatrié, les règles font que tu es la responsable de l’équilibre de ta famille. A chaque fois que tu changes de pays, il y a une période de latence : il faut que tu installes tout le monde et cela ralentit ton développement entrepreneurial. Être une femme a plus été un frein dans mon organisation personnelle et professionnelle.
- Quels seraient les trois conseils que vous donneriez à une femme entrepreneure ?
Dans un premier temps, s’entourer : cela passe par de l’accompagnement bien sûr mais aussi une capacité à aller chercher des talents pour ne pas rester toute seule.
Ensuite, oser : on attend souvent le bon moment alors qu’il n’y en a jamais. Il faut se lancer.
Échanger enfin : les femmes sont nombreuses à garder leur problème mais aussi leurs bonnes idées. Elles craignent soit qu’on leur vole leurs idées, soit d’être la cible de moqueries… Il faut libérer la parole et s’autoriser à dire les choses !
- Quel(s) challenge(s) avez-vous souhaité relever avec votre entreprise?
Je voulais montrer que, même à distance, nous pouvions tout faire : Dominique était à New York puis à Londres et moi à Houston puis Paris. A distance, nous avons réussi à développer une entreprise, sans se connaitre. Ce que nous prônons via L-Start, nous le réalisons au quotidien.
J’ai découvert que ma vraie mission était d’aider les femmes à croire en elles, d’une manière ou d’une autre. Ma manière de le dire est de les accompagner, de leur dire “si vous avez le souhait de créer une entreprise, je vous aiderai à faire en sorte que ça marche et vous croirez en vous”.
- Quelle a été votre plus belle réussite dans votre carrière de femme entrepreneure ?
Nous avons écrit un livre en novembre 2018, “Femmes entrepreneures : se lancer et réussir” avec Dominique. Lors des dédicaces, des femmes nous ont confié que pour elles, cela avait été le dernier chaînon pour qu’elles se lancent enfin. C’est un des moments où je me suis dit que, grâce à nos actions, j’avais permis à certaines femmes d’oser.
- Quelle est la femme entrepreneure qui vous inspire le plus ?
Je dirais Helena Rubinstein, sans hésiter. Son sens de la vision, sa résilience et sa créativité incroyable dans une époque difficile : un parcours qui force l’admiration.
- Quels sont les problèmes que vous avez rencontré en tant que femme au moment de la création de votre entreprise ?
Le domaine de la pharmacie et parapharmacie est très masculin, pourtant je n’ai jamais eu de remarque sur le fait que j’étais une femme. Dans les milieux de la tech ou de la finance, j’imagine que l’on te fait plus facilement ressentir que tu es une femme.
Ma principale difficulté a été de commencer une activité digitale alors que ni Dominique ni moi n’avions d’expérience réelle en la matière. Choisir un business model que nous n’avions jamais expérimenté ni l’une ni l’autre n’a pas été le plus simple. Déléguer est aisé lorsque tu maîtrises ton sujet : l’inverse moins ! Mais cela nous a forcé à lâcher prise et à se faire confiance.
- Quelles ressources auriez-vous aimé avoir à disposition pour vous accompagner dans la création de votre entreprise ?
J’aurai aimé avoir une méthodologie claire et pas seulement me dire “il faut que” ! Les sites regorgent de to do list et de bons conseils mais quand il faut passer à l’action, il n’y a pas beaucoup de gens pour t’aider !
- Comment voyez-vous le monde après le virus ?
Je ne sais pas : peut-être que le monde va revenir très vite à ses vieilles habitudes et ses vieux travers ? Avant de me prononcer, je préfère attendre et voir ce qu’il va se passer.
Je crois en l’homme et sa capacité à rebondir !