Nombreuses sont les femmes qui déclarent ne pas se sentir capables d’entreprendre. « Les femmes ont moins confiance en elles que les hommes » disent les uns, « elles ont d’autres priorités » disent les autres. Peut-être. Mais imaginons un instant un monde dans lequel les plus célèbres icônes entrepreneuriales seraient féminines, un monde dans lequel les patrons du CAC 40 seraient majoritairement des patronnes… un monde dans lequel le Panthéon compterait plus que 4 femmes sur 76 « grands hommes » – bientôt 5, grâce à la regrettée Madame Veil. Est-ce que ça ne changerait pas la donne ?
Une représentation très majoritairement masculine
Les chiffres sont criants : en France, si les femmes représentent 52% de la population et 46 % de la population active, elles ne représentent que 30 % des entrepreneurs, selon les chiffres de l’Insee. Même s’il est vrai que ce dernier chiffre ne cesse d’augmenter, l’entrepreneur conserve malgré tout un visage masculin.
On le remarque très facilement dans les médias avec une surreprésentation des hommes interviewés parmi les créateurs d’entreprise. En outre, ce sont eux que l’on montre le plus souvent pour illustrer des success stories entrepreneuriales. Par ailleurs, les nombreuses études académiques présentant le facteur « femme » comme étant un désavantage pour entreprendre ont renforcé cette norme masculine.
Enfin, la Fédération Les Premières (ex-Les Pionnières) dénonce la norme « guerrière » de l’entrepreneuriat actuel, dans laquelle de nombreuses femmes ne se reconnaissent pas. On peut souligner le vocabulaire sans équivoque utilisé dans les start-ups : stratégie, chef, offensive, former une alliance… « Où sont les femmes ?» ; comme si au fond, Patrick Juvet hantait toujours un peu notre époque.
Pas d’action sans projection !
Et où est le problème ? le psychologue R. Perron l’avait déjà identifié en 1967 : « l’individu tend à choisir les activités, les attitudes, les réactions, qui concordent avec l’image qu’il se fait de lui-même, avec ce qu’il attend de lui-même ; et il tend à en interpréter le déroulement et l’issue en fonction de cette image ». En clair : l’individu privilégie naturellement l’action qui conforte l’image qu’il se fait de lui – quitte à s’auto-censurer.
Ainsi, la femme qui n’est pas capable de se projeter, de se rêver en tant qu’entrepreneure, peinera à franchir le cap. Certaines femmes ont la sensation de trahir quelque chose en adoptant une posture entrepreneuriale, de s’éloigner de la construction sociale « normale ». De ne pas être complètement légitime – de jouer un rôle. Et pourtant, la posture entrepreneuriale est l’atout indispensable pour convaincre, aller chercher des financements, recruter… pour permettre à son entreprise de croître, tout simplement. Il est donc urgent d’aider les femmes à se projeter en tant qu’entrepreneure comblée, dirigeante d’entreprise ou femme d’affaires inarrêtable !
Le rêve entrepreneurial : vers la fin d’un mythe inatteignable ?
Outre l’enseignement de savoir-faire entrepreneuriaux, Led by Her s’est fixé comme objectif d’insuffler à ses participantes le savoir-être entrepreneurial, l’état d’esprit nécessaire. Ainsi, en plus des formations, l’association multiplie tout au long de l’année des rencontres, témoignages et tables-rondes avec des entrepreneures à succès. Elle souhaite permettre à ses bénéficiaires de s’identifier à des modèles qui les inspirent. Le programme inclus également tous les ans l’organisation d’un hackathon de deux jours, invitant consultants externes, professionnels, étudiants afin de travailler avec les participantes sur leurs projets.
Tous ces temps forts constituent avant tous des moments uniques d’échange et de partage. Les participantes peuvent ainsi se rendre compte que des entrepreneures épanouies se sont posé les mêmes questions qu’elles, ont traversé les mêmes périodes de doutes, et surtout, qu’elles ont elles aussi connu l’échec avant de rebondir encore plus haut !
Article édité par Valérie JADOT