Car « on ne naît pas entrepreneurE, on le devient », Paris Pionnières accompagne les femmes dans cette longue et périlleuse aventure qu’est la création d’entreprise. L’incubateur parisien fondé en 2005 tend bien faire bouger les lignes de l’entrepreneuriat en plaçant les femmes au centre de cet écosystème, alors que près de 65 % d’entre elles ne se sentent pas capables d’entreprendre, selon un le rapport du Centre d’Analyse Stratégique datant 2013.
Il est 17 heures lorsque nous arrivons rue du Sentier, à Paris. Au beau milieu des grossistes en vêtements et des agences de communications fraîchement implantées, apparaît le n°35 : celui de Paris Pionnières. Paris Pionnière c’est un espace d’incubation pour 20 start-ups, un espace de coworking avec 45 postes de travail, 5 salles de réunion et 2 lounges répartis sur 600m² et mis à la disposition de 80 entrepreneurs.
Jusque-là, rien de bien anormal pour un incubateur. Mais là où Paris Pionnières innove, c’est en décidant de placer la femme au cœur du processus entrepreneurial, en leur permettant de se lancer et de prendre confiance en elles et en leur projet. Une action plus que salutaire quand on sait que les femmes ne représentent que 30% entrepreneurs, selon un article des Echos datant de 2013. Et pour y arriver, l’incubateur qui se veut « girl power » ne sélectionne que les projets ayant au moins 1 femme dans l’équipe dirigeante (et au concept innovant, il va s’en dire).
Mais que l’on ne s’y méprenne pas ! Le « girl power » n’exclut pas la mixité. Car si les salariées de Paris Pionnières sont toutes des femmes, il en n’est pas de même en ce qui concerne la composition des start-ups incubées.
Un accompagnement étape par étape
On le sait, quand on décide de se lancer dans l’entrepreneuriat, on est tous différents face à la gestion de notre projet. Et selon l’avancée de celui-ci, nous n’avons pas tous besoin de la même aide. Bien conscient de cela et afin de répondre aux besoins de chacun, l’incubateur parisien a mis en place quatre programmes différents – qui peuvent s’enchaîner, ou pas.
On trouve d’abord « Possible », le Women’s startup camp préparatoire. Il est destiné aux plus novices d’entre nous : celles qui n’ont pas encore de projet concret. Durant trois jours, celles-ci pourront tester leurs idées et leur capacité à entreprendre ou encore s’entraîner à prendre la parole en public. Ce programme a lieu trois fois par an et est ouvert à de petits groupes de 20 personnes. Puis vient « WoDi » (pour « For Women Disrupt »): un programme de pré-incubation d’une durée de 4 à 6 mois ayant pour objectif d’accompagner 40 porteuses de projet en maturation, par an.
Le but étant, à terme, de faire valider son projet par un jury externe composé de chefs d’entreprise, d’investisseurs et de partenaires afin d’obtenir le MVP (Minimum Viable Product). Et pour les fameux détenteurs de ce prix, il est alors possible d’intégrer l’incubateur Paris Pionnières, à travers le programme « Incubation ». Ce dernier dure 1 à 3 an et forme une élite d’entrepreneurs, en leur mettant à disposition un bureau à un prix attractif, un réseau d’experts et un accompagnement dans leur stratégie de financement, entre autres.
Pour finir, « 66 miles », le dernier né de Paris Pionnières. Lancé en octobre 2016 en partenariat avec l’agence d’innovation Five by Five, ce programme soutient les femmes qui souhaitent entreprendre sans quitter leur poste de salarié – les fameuses intrapreneures. Durant 5 mois, elles seront trente à bénéficier des conseils de mentors et de places dans les locaux de l’incubateur. Elles pourront ainsi développer un projet innovant pour leurs entreprises, en y consacrant 1 jour par semaine.
Et depuis sa création, il y a un peu plus de dix ans, Paris Pionnières a accompagné et a mené vers le succès un peu plus de 200 entrepreneurs dont les célèbres Videdressing.com, Envies de Fraise ou encore Youboox.
Soutien et convivialité
Mais le succès de l’incubateur « girl power » ne vient pas seulement de la qualité des enseignements mais également du soutien dont bénéficie chacun des porteurs de projet. Julie Abissègue, membre du programme WoDi et co-fondatrice d’Arts Design Africa (un magazine dédié à la promotion des œuvres contemporaines africaines), que nous avons rencontré sur place, est l’un d’entre eux.
Paris Pionnières est le premier espace de co-working dont Julie a fait l’expérience. Avant, la quarantenaire travaillait sur les tables des bars. Mais bien vite, le manque de place et l’impossibilité d’avoir un lieu fixe l’empêchèrent de développer comme il se doit son activité. Aujourd’hui, son quotidien est tout autre depuis qu’elle peut bénéficier chez Paris Pionnières d’un environnement de travail convivial, à mi-chemin entre « la maison, l’appartement d’une copine et un bureau ». Rien bien d’étonnant quand on sait que l’incubateur parisien mise avant tout sur l’émulation collective, le co-développement et la solidarité entre entrepreneurs !
Mais Julie tient à préciser que l’aventure Paris Pionnières ne s’adresse pas à tout le monde. Selon elle, cette plateforme serait davantage adaptée aux femmes qui croient en leur projet mais surtout qui veulent faire de l’entrepreneuriat leur quotidien. Alors, plus question de salariat ni de rechercher un CDI une fois ici ! Les horaires sont ceux de bureau – avec quelques débordements certains jours – et, avec l’argent dépensé chaque mois, la question de la productivité et de la recherche de clients se pose très rapidement. Mais cette expérience peut également être l’occasion pour d’autres de réellement savoir si elles sont prêtes, ou non, à franchir le cap de l’entrepreneuriat, conclut Julie.
La nuit tombe déjà quand nous mettons fin à notre entrevue avec la co-fondatrice d’Arts Design Africa. Mais c’est inspirées par toute cette dynamique et cet enthousiasme autour de l’entrepreneuriat au féminin que nous quittons les locaux de Paris Pionnières, en espérant que de nombreux autres beaux projets verront le jour, ici.
Paris Pionnières, 35 rue du Sentier, 75002 Paris. Tél. : 01 44 88 57 70.
Merci à Julie Abissègue, co-fondatrice d’Arts Design Africa et membre de Paris Pionnières, d’avoir répondu à nos questions.