Depuis plusieurs années maintenant, les startups françaises ne cessent de se structurer et de donner à notre économie des signes positifs de croissance. Ainsi sont conclus des partenariats commerciaux avec de grandes entreprises, à l’image de Smart Pixels qui équipe de bouteilles intelligentes et animées le flagship de Moët Hennessy à l’aéroport Charles de Gaulle.
De même, on dénombre un certain nombre de levées de fonds prometteuses, comme l’ont montré les sociétés logicielles Saagie, avec 4,2 M€ levés en novembre 2016, et OpenDataSoft, forte de 5 M€ levés en octobre 2016.
Dans ce contexte, on entend parler de « pépites », et certains osent même utiliser le terme de « licornes», charmant petit animal (très) rare et mystérieux.
Mais que cherche-t-on réellement lorsque l’on scrute la potentielle réussite d’une startup ? De quels ingrédients a-t-on besoin pour réussir la recette miracle détenant les facteurs clefs de succès d’une jeune société ?
Tout trépidants que nous sommes du lancement de la nouvelle saison de Top Chef, nous filerons dans cet article la métaphore culinaire, pour le plus grand plaisir de nos papilles entrepreneuriales.
Ingrédients
Prenez des fondateurs complémentaires, et dont les compétences sont en adéquation avec les étapes clefs du projet considéré.
S’il sont déjà bien entourés par un réseau qualifié et en lien avec les problématiques centrales du marché attaqué, c’est encore mieux ! Préférez-les bons commerciaux, mais ne préjugez en aucun cas de leur juniorité : comme souvent dans la vie, ni la taille ni l’âge ne comptent et, en cuisine, ce n’est pas toujours dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs soupes. Cela étant dit, choisissez-les avec une forte capacité de remise en question, gage d’une base solide sur laquelle construire intelligemment le reste du gâteau.
Ajoutez-y un projet pensé avec soin, tant dans la prise en compte de sa complexité que dans la capacité à financer son développement à court et moyen terme.
En outre, n’oubliez pas de valider si les fruits utilisés sont suffisamment mûrs pour vous : si certains les aiment croquants, d’autres les préfèrent bien à point, presque un peu passés. C’est pourquoi il conviendra que vous évaluiez précisément le stade d’avancement technique et commercial de la startup à cuisiner. Ne vous trompez pas non plus sur la traction déjà réalisée : une fois que c’est cuit, c’est cuit ! Finalisez avec une pointe d’ambitions internationales, et le tour est presque joué.
Terminez par un marché en croissance, ou en tout cas suffisamment mature pour accueillir le produit ou le service proposé par votre startup.
Favorisez les paysages concurrentiels déjà prometteurs, mais de préférence sans leader puissamment établi, ce qui pourrait vous valoir bien des déconvenues par la suite : à côté d’un Savane des familles, il est possible que votre cake se sente un peu à l’étroit sur une table déjà bien fournie en sucreries de toutes sortes.
Temps de préparation
Ici les avis divergent, et les bonnes notes ne reviennent pas forcément à ceux qui passent le plus de temps au four.
On valorisera en effet les startups dont la rapidité d’exécution est exemplaire, et on ne pénalisera pas pour autant les projets dont la complexité de déploiement implique une durée plus longue de mise sur le marché.
Tout est question de mesure et de précaution dans l’appréciation des entreprises considérées : on ne pas appliquer la même recette à tous les cas, de même que nous vous conseillons fortement de ne pas cuire de la même façon un fondant au chocolat Picard et une tourte aux pommes faite maison.
Par ailleurs, ce temps de préparation est à mettre en lien avec les barrières à l’entrée érigées par la startup. Des années de R&D seront en effet souvent nécessaires pour mettre en place une barrière à l’entrée technologique solide, de même que des mois et des mois de prospection assidue feront parfois la différence dans la constitution d’une barrière commerciale difficilement ébranlable par un nouvel entrant.
Conseils de dégustation
Seul ou à plusieurs, entre amis ou avec des collègues, la startup bien notée se savoure à toutes les occasions. Mais au fond, qu’est ce qu’être bien noté en tant qu’entrepreneur ?
C’est avant tout bénéficier d’une analyse réalisée de façon objective par un tiers professionnel et indépendant, avec un processus de notation qui représente en lui-même une opportunité à saisir et à exploiter, à l’image des retours parfois très directs mais constructifs du fameux Philippe Etchebest.
En effet, confiant dans la qualité de l’analyse qui lui a été retournée, l’entrepreneur dispose d’une vision d’ensemble sur son projet, et c’est fort d’ingrédients bien maîtrisés qu’il peut affronter ses investisseurs ou ses futurs partenaires commerciaux.
La note, relative à un secteur d’activité et à un stade de maturité technico-commercial, peut certes se trouver en-dessous ou au-dessus d’une moyenne globale, mais elle ne devient source d’excellence que dans la mesure où la startup sait en faire bonne usage auprès de tiers.
Enfin, n’oublions pas que l’appétit vient en mangeant (et en regardant Top Chef), donc travaillons, finançons et aidons les startups à grandir : c’est sans doute aussi par là que nous re-trouverons la recette de la croissance.