Le 17 et 18 avril 2019 Gaëlle ROUDAUT, envoyée très spéciale de notre partenaire le webmagazine Entrepreneuze a participé en full immersion à notre Hackathon. Elle nous livre ses souvenirs, ses découvertes, son ressenti. Résumé de deux jours trépidants où solidarité et bienveillance ont rimé avec bouillonnement et empowerment.
UN DÉBUT DE MATINÉE INSPIRANT…
C’est Chiara Condi elle-même qui est venue donner le top départ de cette 4e édition : « Au hackathon, les idées développent des pieds, commencent à marcher et à devenir une réalité.Pour toutes les porteuses de projet, les hackathons ont été un moment crucial, pour expérimenter, pour trouver le courage de se lancer grâce l’énergie collective, pour découvrir une nouvelle vision de leur projet, pour apprendre ! » Elle passe ensuite le micro à Florence Servan-Schreiber, auteure, conférencière, mais également marraine de l’association, qui donne à l’assemblée les ingrédients nécessaires pour se connecter à sa « power patate » : elle nous rappelle notamment que ce n’est pas la réussite qui apporte le bonheur mais, au contraire, le bonheur qui attire la réussite. Formée en psychologie positive, elle nous explique que 50 % de notre capacité à être heureux dépend de la génétique, grâce à un chromosome responsable de la sécrétion de ces fameuses hormones du bonheur, la dopamine ou encore l’endorphine. Ensuite, notre sentiment de bonheur est soumis aux éléments extérieurs qui nous entourent, les relations avec les autres, le revenu, le temps, le soleil, la nature, le plaisir de faire ce que l’on aime… qui contribuent en réalité à 10 % de notre perception. Les 40 % restants, Florence Servan-Schreiber nous indique qu’ils sont conditionnés par l’interprétation de ce que nous vivons, et nous avons tendance à percevoir négativement les situations que nous traversons. Elle nous invite, en nous livrant quelques astuces faciles à mettre en oeuvre, à nous réapproprier les 40 % qui conditionnent notre bonheur… D’abord, en cessant de nous comparer : « Personne ne vous ressemble », déclare-t-elle. Les chercheurs en sciences humaines ont réussi à identifier 24 qualités universelles qui vont de l’honnêteté à la persévérance, en passant par le sens de la justice, l’humour, etc. A main levée, dans le public, nous constatons que nous sommes tous concernés par les unes ou les autres et ce qui compte, selon elle, c’est d’organiser notre travail, notre activité, autour de nos qualités premières : ainsi, elle épluche des carottes au milieu d’une matinée de rédaction pour se reconnecter à ses mains et à sa créativité ! « Il y a autant de façons d’arriver à destination que d’individus dans la pièce, nous sommes parfaitement singuliers, ajoute-t-elle.
Et la power patate ne se présente que quand nous faisons les choses à notre manière, sans regarder ce qui se passe à côté ! » Elle indique aussi que si nous ne pouvons contrôler ce que les gens disent de nous (et l’influence que cela a sur notre réussite), nous pouvons choisir de côtoyer des personnes qui nous voient plus grands. Elle surenchérit avec l’idée que l’intelligence du groupe est supérieure à celle de la plus intelligente des personnes qui le composent, un principe d’autant plus vrai que la proportion de femmes au sein de ce groupe est élevée ! Pour conclure, « ce qui compte est moins ce qui nous arrive que ce que nous faisons de ce qui nous arrive ! »
Pour continuer à nous inspirer, Philippe Korda monte sur scène. Président fondateur d’Énergie Jeunes, association reconnue d’utilité publique qui forme plus de cent mille enfants par an dans les quartiers difficiles à développer leur persévérance scolaire, il nous raconte l’expérience du psychologue américain Adam Grants qui s’appuie sur le témoignage d’un ancien élève pour motiver les salariés en charge de la collecte de fonds d’une grande université. Il rappelle également que dans l’envie d’entreprendre, on peut s’appuyer sur ses compétences, sur son argent, sur ses relations et que chacun peut apporter au monde avec ce qu’il a !
Enfin, avant de lancer le hackathon, une vidéo touchante compile les témoignages des porteuses de projet 2018, transformées après l’expérience Led By Her. Elles témoignent avec des mots remplis d’émotions. « La plus belle fleur peut pousser dans un compost », confie l’une d’entre elles qui a trouvé avec Led By Her « une bulle de bienveillance, un filet de sécurité et un nouveau souffle de vie ». Pour une autre, le hackathon a joué comme « un tremplin et [l’]a investie d’une nouvelle énergie qui propulse… » Voilà de quoi enthousiasmer les 11 porteuses de projet de l’édition 2019 ! D’autant plus que la particularité de la formule chez Led By Her, c’est qu’il n’y ait pas de compétition lors du hackathon : uniquement de l’émulation !
ET C’EST PARTI POUR LE TRAVAIL EN ÉQUIPE…
Les participants au hackathon ont ensuite pu faire le tour de toutes les salles et découvrir chaque projet en échangeant quelques mots avec la créatrice avant de choisir leur équipe… Pas facile quand tous les sujets vous passionnent et que les personnes qui les portent en parlent toutes avec autant de ferveur! De mon côté, j’ai rejoint l’équipe d’Elisabeth, une créatrice de vêtements dont la boutique installée dans le 18e depuis 9 ans accueille également des créateurs de bijoux et d’accessoires, et qui cherche à retravailler sur l’image de son atelier.
Chaque équipe est composée de plusieurs participants volontaires et bénévoles. Certains sont des mentors engagés au sein de l’association : l’idée est que chacun apporte des compétences, de l’énergie, des idées, de l’expérience, de l’engagement, bref, vienne avec ce qu’il est, pour contribuer au projet. Les échanges sont facilités par un coach. Les coachs, experts en méthodes agiles, viennent de chez Renault Digital, dont la responsable Marque Employeur et RSE, Corina Cimpeanu, a voulu mobiliser toute l’équipe dans l’aventure. Au menu des travaux, une première phase exploratoire pour échanger en profondeur avec la porteuse de projet sur son besoin et ce qu’elle attend du hackathon. L’occasion de reformuler le projet, de l’éclairer grâce aux questions de l’équipe, sous différents angles. Qu’il s’agisse de réaliser un véritable business plan, de réfléchir plus finement à la cible du produit, d’esquisser le concept d’une future campagne de communication ou de marketing, les besoins sont variés…
Dès l’après-midi, ce sont 6 experts qui viennent à la rencontre des équipes et des créatrices pour creuser une question particulière, apporter de nouveaux éclairages plus pointus, qu’il s’agisse de communication, de marketing, de propriété intellectuelle, de droit, de finance ou encore de commercial. A 19 h, le premier jour de hackathon s’achève sur des projets en friche, au milieu des post-it, des tableaux blancs remplis de schémas, de mots-clés et de bullet points… et chacun part se reposer pour une nuit bien méritée.
J2 : DERNIÈRE LIGNE DROITE…
Le lendemain matin, c’est dans la bonne humeur que Charlotte, office manager de l’espace, nous accueille avant de passer la parole à Melika Badreddine, coach et formatrice, qui a fondé son projet Meet Your Goal « à l’arrache, sans argent, sans concept, sans réseau » comme elle dit. Sa recette d’entrepreneuse à succès se compose de deux ingrédients majeurs : ses rencontres – et elle cite J.F. Kennedy : « L’art de la réussite consiste à savoir s’entourer des meilleurs.» – et sa capacité à continuer à apprendre de ses expériences, avec un soupçon d’audace aussi, qu’elle nous rappelle en citant cette fois Mark Twain : « Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait. »
Une bonne devise pour les porteuses de projet qui doivent justement se tester dans l’exercice du pitch, avec l’aide de deux coachs spécialisés dans l’art oratoire. En petits groupes, avec deux personnes qu’elles choisissent dans leur équipe, elles se lancent dans un pitch blanc. Le débrief collectif du groupe et des coachs leur permet de prendre note de leurs forces et de leurs axes d’amélioration tant sur la posture, le ton, le débit, que sur le fond du pitch lui-même. Fortes de ces feed-back constructifs, elles ont pu retourner finaliser leur pitch en équipe.
ALORS ON DANSE…
Car il est bientôt temps pour les porteuses de projet de pitcher devant le jury et l’ensemble des équipes. Avant ce moment intense, place à une pause particulièrement ressourçante pour tous et toutes : Bolewa Sabourin, chorégraphe et danseur franco-congolais de 33 ans, à l’origine du projet «Re-Création » et de l’association Loba (en lingala, « exprime-toi »), porte un T-shirt « Girl Power » qui en dit long… Il raconte son histoire personnelle partagée entre le Congo, la France et la Martinique au gré de la vie amoureuse de son père danseur. Lui qui a pu trouver dans la danse le moyen d’exprimer ses douleurs et ses tensions, rencontre un gynécologue qui répare les femmes victimes de viol comme arme de guerre. Il décide de créer une association qui permette aux femmes, par des ateliers combinant danse et psychothérapie, de se reconstruire en travaillant sur leur confiance, leur posture, leur sourire, leur leadership… « Il s’agit de reprendre possession du corps pour reprendre possession de sa narration et de son esprit alors que, justement, la domination passe aussi par le corps pour dominer l’esprit ! » explique-t-il. Nous sommes tous émus par ce témoignage poignant, Bolewa enflamme alors le hackathon et invite tous les participants sur la piste de danse au rythme des djembés ! « C’est ça les entrepreneuses, conclut-il, elles leadent, et on suit ! Ne lâchez rien, n’ayez pas peur de ce que vous êtes ! »
Les porteuses de projet sont désormais fin prêtes à monter sur scène et présenter leur projet au jury et aux participants. Dix projets passionnants portés par des femmes enthousiastes, sûres d’elles, de talentueuses futures entrepreneuses ! Les pitchs s’enchaînent (voir l’encadré pour en savoir plus), et après un temps de délibération, c’est au tour du jury de s’exprimer : « Il y a une sorte de dynamisme de chacune, c’est un truc de dingue ! » commente Sabrina Gamba, fondatrice du projet Fab’Art et membre du jury. « Ce sont les personnalités qui se sont exprimées », ajoute Constance Wiblé, directrice de la Communication du Groupe Oui Care.
Pour finir, après la traditionnelle photo des porteuses de projet, Florence Servan-Schreiber, marraine du hackathon, revient pour décerner des « power patates » : amour, créativité, soin, lien… à chacune une qualité, une force, une singularité qu’elles emmèneront dans leur future aventure entrepreneuriale !
CE QU’IL FAUT EN RETENIR…
Après une conclusion de la journée par celle sans qui ce hackathon n’aurait pas été possible, la dynamique Olirantosoa Balza-Rakotomalala, un cocktail a permis à tous et toutes de finir sur un nouveau moment de partage et de se féliciter du chemin parcouru pendant ces deux jours.
« C’était une très belle expérience, en tant que participante et coach, témoigne Heyfa. À plusieurs, les idées sont plus puissantes : on savait que nos compétences professionnelles allaient apporter quelque chose mais même si on n’amène pas une expertise précise, on contribue nécessairement à faire émerger les idées, à structurer, à rassembler… » Et Ramona, participante dans l’équipe de Mona, d’ajouter : « Je me suis découverte une qualité de modérateur ! C’est win-win pour tout le monde : en tant qu’entrepreneuse, elle avance dans le projet et en tant que participante, je découvre de nouvelles skills, car ce ne sont pas des choses qu’on fait tous les jours ! » Morgane, également participante, insiste : « On a été là pour les aider à travailler aussi sur la confiance en soi, le lâcher-prise, même si, pour ma part, j’étais aussi stressée que ma porteuse de projet au moment des pitchs ! Ce sont non seulement des projets d’entreprise mais aussi des projets de vie qui viennent du cœur.» Elle ajoute : « Le hackathon, ce sont des rencontres insoupçonnées de personnes formidables. Toute l’équipe a été soudée, motivée, c’est une très belle expérience humaine. »
Du côté des porteuses de projet, le retour d’expérience est également unanime. Comme Elisabeth qui confie à son équipe : « Jamais je n’aurais imaginé tout ce que le groupe a fait pour moi et en plus, je ne pouvais pas m’échapper ! » Pour Cristina, le hackathon a été l’occasion de « [se] voir autrement ». Luana et Sabine témoignent de l’énergie de l’équipe qui les a portées et qui leur a permis de relever le défi de monter sur scène : « L’énergie de l’équipe est exceptionnelle, elle est positive. J’ai non seulement découvert le concept de l’intelligence collective, mais je l’ai vécue », s’exclame Luana. « On s’est rencontrés hier matin à 9 h et là, le lendemain à 17 h, ce sont des liens forts, une facilité de contact, des gens sur qui on peut compter ! »
En tant qu’entrepreneuse, ancienne porteuse de projet au hackathon 2018 et, cette année, membre du jury, Hawa Djire a une lecture toute personnelle de l’expérience, vue de l’autre côté : « L’an dernier, j’étais focalisée sur mon projet, mais cette année, j’ai vraiment vu la bienveillance s’exprimer au cours du hackathon ! Je suis fière de faire partie de Led By Her, et je remercie Chiara [Condi]. A titre personnel, je suis sur la voie de l’évolution, je monte l’escalier de l’entrepreneuriat… et jusqu’où ? s’amuse-t-elle. C’est flatteur d’être passée du côté du jury.» Son conseil à ces entrepreneuses en devenir : « Les porteuses de projet viennent de franchir un grand pas : que demain, elles ne se retournent pas et qu’elles avancent : toute cette intelligence collective donne envie de se bouger, donc qu’elles ne baissent pas les bras ! Quand on aime son projet, on ne peut pas l’abandonner !!! » Un conseil qui peut s’appliquer à toutes les entrepreneu[z]es…