« Je voulais apporter quelque chose de nouveau. En créant mon entreprise, j’étais sûre de pouvoir proposer quelque chose qui correspondait aux besoins de chaque élève. »
- Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis professeure de yoga et créatrice d’expériences. Je crée des cours sur mesure qui prennent en compte les réels besoins des élèves : envies, problèmes de santé, expériences en terme de yoga ainsi que leur niveau (débutant ou avancé), accord pour être ajusté physiquement ou non. Je souhaite proposer les cours les plus complets possibles, incluant aussi bien les postures qu’un travail sur la respiration, de la méditation et même des exercices d’écriture.
- Quel a été votre parcours ?
J’ai travaillé en agence de communication et en startup en tant que consultante en UX et chef de produit digital pendant 5 ans. Mon rôle était de créer la meilleure expérience utilisateur possible sur des sites web et applications mobiles. Ce que je faisais me plaisait, mais j’ai ressenti le besoin de voyager. J’ai alors pris la décision de quitter Paris pour rejoindre l’Australie, seule, sans prendre l’avion. J’ai parcouru ce chemin en bus, en train et en bateau, ce qui m’a pris cinq mois ! Arrivée à Melbourne, on m’a proposé un poste de Chef de produit digital, que j’ai fini par décliner : je ne ressentais pas d’excitation au moment de rejoindre l’équipe, juste une tristesse soudaine et un grand vide à l’idée de me retrouver à nouveau enfermée dans un bureau, statique devant un écran… Je me suis dit que cela était un signe, j’ai donc décidé d’écouter mon intuition en refusant ce poste.
J’en ai profité pour me recentrer sur moi, sur ce que je voulais vraiment. En rendant visite à des amis à Bali, j’ai réalisé une retraite de yoga là-bas. C’est à ce moment que le déclic a eu lieu. J’ai senti que j’étais alignée avec ce que je voulais faire et être. Je pratiquais déjà le yoga depuis plusieurs années, mais à ce moment là j’ai réalisé que je devais l’enseigner.
J’ai pris conscience de ma volonté de bouger, de créer, de rencontrer de nouvelles personnes et de leur apporter du bien-être au quotidien. Je ressentais également le besoin d’être utile à ma manière en réagissant et en agissant face à une société qui se durcit, s’individualise et se déshumanise. J’ai par conséquent commencé à intensifier ma pratique, avant de partir suivre une formation de yoga en Inde où j’ai été certifiée.
- Pourquoi avoir lancé votre structure ?
Devenir professeure de yoga sous-entend être indépendante : il y a très peu de CDD ou CDI. Quoiqu’il en soit, je souhaitais avoir mon indépendance et ma liberté, afin de créer les cours à ma manière, avec mes valeurs. En créant mon entreprise, je voulais apporter quelque chose de nouveau.
Dans tous les cours où j’ai pu pratiquer avant, il était rare que le professeur te demande avant chaque début de cours quels étaient les axes que tu voulais approfondir : position, émotion, partie du corps… Très peu de professeurs s’intéressent à nos problèmes de santé et encore moins de professeurs nous demandent si nous sommes d’accord pour être ajusté physiquement, par le toucher, pendant une séance. Or, nous ne connaissons pas l’histoire de chaque élève, et le fait d’être touché peut-être très mal vécu.
En lançant ma propre structure, j’étais sûre de pouvoir proposer quelque chose qui correspondait aux besoins de chaque élève.
- En quoi être une femme est selon vous un avantage ou un inconvénient dans le monde entrepreneurial ?
Objectivement, je n’ai pas rencontré d’avantage ou d’inconvénient. En revanche, plusieurs fois, on m’a fait la remarque que j’allais réussir plus facilement car j’étais une femme ! Je doute de la véracité de ces mots… Il m’est aussi arrivé de refuser, une ou deux fois, des cours à des hommes mal intentionnés.
Je crois beaucoup aux pouvoirs de la pensée : si on s’impose des pensées limitantes, notre chemin n’en sera que plus compliqué à arpenter. Si on se dit qu’en tant que femme on ne va pas y arriver, alors on n’y arrivera pas. Alors dites vous que c’est un avantage !
- Quels seraient les trois conseils que vous donneriez à une femme entrepreneure ?
Permettez vous toujours de rêver en grand : il ne faut pas voir les barrières et les contraintes. Laissez-vous rêver et allez vers vos rêves, ne vous limitez pas.
Ensuite, faites confiance à votre intuition. J’ai toujours profondément cru en mon projet malgré la malveillance de certains proches qui ont tenté et qui tentent toujours de me décourager “ça ne marchera pas”, “tu perds ton temps”, “tu vas droit dans le mur”. Il ne faut jamais écouter ces “conseils” toxiques, sinon nous n’avançons pas.
Enfin, fixez-vous des objectifs ambitieux, croyez-y et visualisez-les. En posant vos objectifs et visualisant votre réussite, vous programmez cette dernière.
- Quel(s) challenge(s) avez-vous souhaité relever avec votre entreprise?
Je voulais montrer que le yoga est accessible à toutes et à tous, qu’importe l’âge, la forme physique, les problèmes de santé… Tout le monde peut faire du yoga.
En parallèle, de mon côté, dans l’optique de développer cette accessibilité, j’ai tenté de trouver un équilibre : un axe business où je facture des cours et un axe bénévole où je donne des cours dans des associations à des sans-abris, femmes victimes de violence…
- Quelle a été votre plus belle réussite dans votre carrière de femme entrepreneure ?
Le fait d’accompagner des élèves vers la résilience. Le yoga est un outil puissant pour aider à se reconstruire après avoir vécu un traumatisme quel qu’il soit. J’ai un partenariat avec Natalia Lima, psychothérapeute, qui permet un accompagnement complet en mêlant psychologie et yoga. La thérapie permet d’extérioriser les traumas et émotions par les mots, et le yoga permet de les extérioriser par le corps.
Parfois des élèves sont surpris en voyant des traumas enfouis et des émotions remonter lors d’une séance. Le yoga permet de réparer des maux qui sont présents, que nous avons un peu oubliés et qui sont enterrés dans notre inconscient. Je pense qu’il est important d’accueillir nos émotions et de les laisser sortir pour ensuite se sentir mieux et libéré.
J’ai moi-même connu des violences, et même si je peux dire que j’ai parcouru un long chemin avant de découvrir le yoga, le fait de le pratiquer m’a aidé à atteindre une résilience totale.
- Quelle est la femme entrepreneure qui vous inspire le plus ?
Ma mère : elle a toujours été plus ou moins à son compte. Elle créait des livres pour enfant et a travaillé en tant qu’indépendante pour Flammarion, Fleurus…
Elle a eu une multitude de parcours différents et ces derniers n’ont pas toujours été faciles. Aujourd’hui, elle est indépendante dans le secteur de l’Assurance et de la Prévoyance. Elle m’a enseignée le fait de rester libre, l’importance de l’indépendance financière en tant que femme tout en me montrant toutes les couleurs de l’entrepreneuriat.
- Quels sont les problèmes que vous avez rencontré en tant que femme au moment de la création de votre entreprise ?
Je n’ai pas rencontré de problème en tant que femme à proprement parler d’un point de vue structurel mais plus d’un point de vue moral. Mes frères lançaient leur entreprise respective au même moment et ils recevaient des félicitations de proches… Alors que ces derniers étaient plus réservés me concernant, me disant que je perdais mon temps ! Il est un peu malvenu de lancer son entreprise en tant que femme. Je remercie chaque personne qui n’a pas cru en moi, pour m’avoir donné la rage de réussir. Aujourd’hui, mon entreprise est en place et je commence déjà à leur prouver que j’en étais capable.
- Quelles ressources auriez-vous aimé avoir à disposition pour vous accompagner dans la création de votre entreprise ?
Le yoga reste un milieu un peu fermé : intégrer un club d’entrepreuneurs aurait été l’idéal, sauf que les frais d’inscription s’élèvent à 2 000 ou 3 000 euros… Budget que je n’ai pas ! Pour toute création d’entreprise, une aide administrative (comptabilité, juridique) n’est jamais de trop.
- Comment voyez-vous le monde après le virus ?
Le virus m’aura permis de me challenger et de m’adapter : je propose désormais de nouveaux cours de yoga en ligne. J’ai réussi à me démarquer de la concurrence en proposant des cours avec une approche plus “humaine”, en petit groupe, afin de préserver la qualité et l’interactivité des cours, pour plus de sécurité. Je peux voir mes élèves et les guider verbalement pour corriger leur posture si nécessaire, afin de tirer un maximum de bienfaits, sans se blesser. Mes cours deviennent presque un réseau social ! Des élèves qui ne se connaissaient pas auparavant créent du lien en échangeant à la fin du cours.
J’ai eu beaucoup d’inscriptions, notamment de nouveaux élèves qui ont ressenti le besoin de se recentrer, de prendre du temps pour eux, de faire une introspection, dans ce contexte si particulier.
Le monde pourrait devenir plus éveillé et les Êtres plus bienveillant avec les autres mais aussi envers eux-mêmes. J’espère que nous assisterons à une bonne prise de conscience collective – mon interrogation est plus de me demander si cela va continuer après le confinement ou si le naturel va revenir au galop ?
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