« Les choses vont se stabiliser et nous allons avancer vers une nouvelle ère. Le monde d’avant n’était pas bon : à nous de construire un présent plus juste et plus lumineux.«
- Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Après avoir été puéricultrice pendant près de vingt ans, je suis aujourd’hui thérapeute depuis 2015. Depuis trois ans, je suis également réflexologue de pleine conscience et reikiologue, ce qui me permet de compléter les séances de thérapie avec mes patients.
D’un point de vue plus personnel et humain, je mets le courage, la bienveillance et la persévérance au cœur de mon existence.
- Quel a été votre parcours ?
De nationalité portugaise, j’ai dû arrêter mes études quand je suis arrivée en France à 17 ans. J’ai ensuite été serveuse, femme de ménage… Tous les petits boulots que l’on pouvait avoir entre 17 et 19 ans ! Après avoir rencontré mon mari, j’ai travaillé en tant que gardienne d’immeuble avec un poste de secrétariat et j’ai eu mes deux enfants.
Mon rêve de jeune fille a toujours été de devenir puéricultrice. Cependant, suite à des croyances familiales, reprendre mes études en France n’a pas été possible. Je suis donc devenue assistante maternelle : la formation était moins longue et me permettait de m’occuper de mes enfants entre temps.
Pendant vingt ans, j’ai ainsi partagé ma vie avec les enfants que je gardais et leurs familles. J’avais l’impression de réaliser mon rêve, d’être puéricultrice mais autrement : j’apportais empathie et psychologie dans mon quotidien et celui des autres.
En 2000, j’ai découvert l’association « Vivre et Aimer », qui est basée sur la communication et plus particulièrement, celle de la famille et du couple. Après y avoir effectué plusieurs formations et séminaires, j’ai eu un déclic : pourquoi ne pas devenir thérapeute ? J’ai suivi une formation en 2013 et ai ensuite débuté en temps partiel mon activité de thérapeute pendant trois ans, en parallèle de celle d’assistante maternelle. Je suis aujourd’hui thérapeute à temps complet depuis cinq ans.
- Pourquoi avoir lancé votre structure ?
Après avoir terminé ma formation de thérapeute, deux voies s’ouvraient à moi : soit je lançais ma propre entreprise, soit j’allais travailler en milieu hospitalier, en maison de retraite ou en crèche. Or, je souhaitais créer quelque chose en adéquation avec qui j’étais et avec mes propres valeurs, à mon propre rythme. Être dans une création complète. Le métier de thérapeute impliquant un contact humain, je le souhaitais de qualité : partager avec les autres ce que je suis et inversement, un lien profond, chose que j’étais sûre de pouvoir faire en étant à mon compte.
- En quoi être une femme est selon vous un avantage ou un inconvénient (dans le monde entrepreneurial ?
Je doute qu’être une femme soit un avantage. C’est, selon moi, un petit peu plus difficile pour une femme de se lancer à son compte. Une femme est encore pétrie de la croyance qu’elle doit porter un enfant, être mère, être plus disponible pour ses enfants… Devenir entrepreneure sous-entend vivre à 1000 à l’heure, ce qui implique avoir moins de temps pour sa propre famille et ses enfants. La pression est selon moi moins importante pour un homme qui décide de se lancer.
- Quels seraient les trois conseils que vous donneriez à une femme entrepreneure ?
Mon premier conseil serait d’avoir confiance en soi : se faire confiance est primordiale aujourd’hui pour réussir. Il faut oser, ne pas avoir peur d’aller au bout de ses rêves.
Mon deuxième conseil serait de rester persévérante, de ne pas se décourager.
Enfin, il ne faut pas oublier qu’il n’est jamais trop tard pour réussir son projet de vie. L’important est de se lancer et justement de vouloir réussir.
- Quel(s) challenge(s) avez-vous souhaité relever avec votre entreprise ?
Devenir thérapeute a été en soit un challenge… Grâce à mon métier de puéricultrice, j’avais rencontré des enfants et leurs familles : je faisais partie intégrante de leur quotidien. Au fur et à mesure, les gens sont venus à moi pour diverses raisons qui s’éloignaient des sujets de discussion propres à une assistante maternelle. Ce sont ces rencontres qui m’ont amenée à cela, à m’ouvrir, à sortir de ma zone de confort et m’ont confirmée mon envie de devenir thérapeute.
Lorsque j’ai passé une formation pour devenir réflexologue de pleine conscience, cela a été aussi pour moi un autre challenge : il fallait aller au-delà de ce que j’avais prévu ! Cela impliquait aussi bien de reprendre mes études que de parler ensuite de cette formation aux gens… Il m’a fallu prendre confiance en moi.
- Quelle a été votre plus belle réussite dans votre carrière de femme entrepreneure ?
En tant que femme, ma plus belle réussite reste la résilience envers moi-même et ensuite, d’avoir réalisé tous ces projets ! Je n’avais pas pensé à toutes ces idées, moi qui souhaitais au départ devenir puéricultrice. La vie m’a amenée à faire d’autres choses, à me dépasser. Je ne le regrette pas : cela m’a permis de vivre quelque chose de différent, de particulier, d’enrichissant.
- Quelle est la femme entrepreneure qui vous inspire le plus ?
Michelle Obama ! C’est une femme de valeurs, courageuse, simple et qui a su s’imposer dans notre société actuelle avec élégance. Elle a su également faire face à tous les jugements qu’elle a pu rencontrer, animée par cette pensée : « Quoi qu’il arrive, nous pouvons tous y arriver dans la vie. Il n’y a pas d’échecs que des expériences de vie. »
- Quels sont les problèmes que vous avez rencontré en tant que femme au moment de la création de votre entreprise ?
Mon premier problème fut, en soit, de m’opposer à ma famille et cette croyance : faire toute sa vie le même métier. Je sortais de ce cadre et suis d’ailleurs, aujourd’hui, la seule à avoir repris des études à l’âge adulte ! Je viens en plus d’une famille très soudée : l’entrepreneuriat et mes formations m’ont empêchée de participer à plusieurs réunions familiales. J’étais moins présente et cela a aussi été difficile pour moi d’accepter que j’étais moins disponible pour mes proches.
Une autre difficulté fut que j’avais l’impression que peu de personnes croyaient en mon projet. Si j’avais été plus jeune ou un homme, peut-être l’on aurait plus cru en moi. J’avais cette peur en moi d’être jugée : j’ai mis beaucoup de temps à dire que j’étais thérapeute, que j’exerçais déjà les mercredis et samedis… J’allais contre toutes les croyances familiales et cela revenait pour moi à trahir ma famille. En réalité, je me suis juste autorisée à être qui j’étais, qui je suis. Devenir entrepreneure m’a permis de m’affranchir du regard que les autres pouvaient porter sur moi.
- Quelles ressources auriez-vous aimé avoir à disposition pour vous accompagner dans la création de votre entreprise ?
J’aurai aimé avoir une aide financière et administrative. Financière car lancer sa structure et être rentable peut prendre du temps : je n’ai pas pu vivre pendant plus d’un an en tant que thérapeute. Certaines personnes ne peuvent pas forcément se lancer dans une reconversion professionnelle et de facto, lancer leur structure.
Administrative car toutes les démarches prennent beaucoup de temps et peuvent être fastidieuses.
- Comment voyez-vous le monde après le virus ?
Chacun de nous peut prendre conscience de l’importance et l’impact du Covid-19 sur nos vies : une réelle catastrophe d’un point de vue humain et mondial.
J’ai cependant beaucoup d’espoir et préfère voir le monde le plus sereinement possible ! Rien ne sera plus jamais pareil dans tous les cas et je souhaite que les gens soient plus attentifs à eux-mêmes, aux autres. Selon moi, les choses vont se stabiliser et nous allons avancer vers une nouvelle ère. Le monde d’avant n’était pas bon : à nous de construire un présent plus juste et plus lumineux.