« J’ai retrouvé en montant mon entreprise ce qu’étaient la concentration, l’échange, le temps et mon indépendance.«
- Qui êtes-vous ?
Je suis designer graphique indépendante à Paris.
Mon approche s’inscrit dans une recherche de développement global d’image de marque au design minimaliste.
Je m’oriente essentiellement vers des sujet digitaux (films, réseaux sociaux, campagnes digitales …), et ce pour de nombreuses marques, essentiellement dans les secteurs de la beauté, la food et la musique.
- Quel a été votre parcours ?
J’ai eu la chance de savoir très tôt ce que je voulais faire, ce qui m’a fait gagner beaucoup de temps. Après mon BAC Arts Appliqués, j’ai été diplômée de l’ENSAAMA Olivier de Serres en communication visuelle multimédia, puis des Gobelins où j’y ai fait une licence de design graphique et motion design.
J’ai commencé à travailler peu de temps après mon diplôme des Gobelins en tant que DA & Motion designer dans une agence de production, puis j’ai rejoint M&C Saatchi Little Stories pendant 3 ans.
2020 a été un nouveau tournant dans ma carrière car j’ai décidé de me mettre à mon compte.
- Pourquoi avoir lancé votre structure ?
J’avais un grand besoin de changement. C’était une période où beaucoup de choses ont changé dans ma vie, et du coup j’avais envie d’aller à l’extrême et de faire le grand saut !
Et plus concrètement, j’avais un énorme besoin d’indépendance, une envie de me développer par moi même et de grandir.
Je souhaitais un nouveau rythme : celui de pouvoir m’organiser comme bon me semble plutôt que des horaires de boulot fixe.
J’avais aussi fait le tour des projets et clients de l’agence dans laquelle j’étais et avais l’impression d’être arrivée au bout de ce que j’avais à apprendre là-bas. Lancer ma structure correspondait à de nouveaux challenges !
- En quoi être une femme est selon vous un avantage et/ou un inconvénient dans le monde entrepreneurial ?
Je ne vois pas tellement d’avantages ou d’inconvénients à être une femme dans mon domaine. Ou alors peut être notre capacité à faire 15000 choses en même temps, et c’est ce qui me stimule !
- Quels seraient les trois conseils que vous donneriez à une femme entrepreneure ?
Dans un premier temps, je dirais ne jamais rien lâcher et aller au bout de ses idées. La vision, la persévérance et l’exigence sont les clés de la réussite.
Ensuite, suivre son instinct : les premiers sentiments sont souvent les bons. C’est ce qui permet de faire le tri entre les projets à potentiels et ceux qui vont être des contraintes. La vie est trop courte pour perdre du temps !
Enfin, le relationnel qui est selon moi 70% du travail. Voyez du monde : ne vous enfermez pas chez vous derrière votre ordinateur. Profitez de la souplesse de votre planning pour faire votre réseau, rappeler d’anciennes relations et voir vos amis. Ce sont les personnes les plus susceptibles de vous offrir de bonnes connexions et de vous apporter des opportunités.
- Quel(s) challenge(s) avez-vous souhaité relever avec votre entreprise?
Dans un premier temps je dirais : une vie plus saine.
Je souffrais du manque de temps qu’imposent les horaires de bureau en France. Le rythme est épuisant, on ne décroche jamais et les open spaces finissent par vous rendre fou : on est sans cesse dérangés et on perd beaucoup en efficacité.
J’avais besoin de plus de liberté pour pouvoir développer mes passions à côté.
J’avais aussi une envie d’être en contact direct avec mes clients car j’aime travailler main dans la main et échanger pour faire grandir leurs projets.
J’ai donc retrouvé en montant mon entreprise ce qu’étaient la concentration, l’échange, le temps et mon indépendance.
- Quelle a été votre plus belle réussite dans votre carrière de femme entrepreneure ?
Avoir sauté le pas !
Tout plaquer quand on a un super poste avec un bon salaire dans des bureaux de rêves sans savoir ce qu’on va trouver derrière n’est pas une décision facile à prendre.
Mais pour rien au monde je ne retournerai en arrière !
- Quelle est la femme entrepreneure qui vous inspire le plus ?
Coco Chanel. Cette femme a cassé les codes, révolutionné et dépoussiéré ses sujets. Elle avait cette soif de liberté et ne lâchait rien. Quel exemple !
- Quels sont les problèmes que vous avez rencontré en tant que femme au moment de la création de votre entreprise ?
Je dirais qu’il m’a fallu un peu de temps pour m’adapter aux fonctionnements d’autres entreprises qui n’étaient pas du tout basées sur le même modèle que celles où j’ai travaillé.
Des fois c’est assez déstabilisant. Mais avec le temps et l’expérience, on finit par s’y faire et comprendre les organisations de chacun. Etant une jeune entrepreneure, il m’est arrivé à plusieurs reprises de ne pas révéler mon âge à mes clients. Par crainte que cela me porte préjudice et que l’on associe inconsciemment jeunesse et manque de professionnalisme. Je pense que plusieurs fois, me taire m’a permis de pérenniser certains projets et contrats.
- Quelles ressources auriez-vous aimé avoir à disposition pour vous accompagner dans la création de votre entreprise ?
Sans hésiter, un accompagnement pour mettre en place ma comptabilité, ma fiscalité, et tout ce qui est d’ordre juridique.
Nous ne sommes pas formés à monter des entreprises et trop de gens ici se retrouvent jetés dans le grand bain. Il est difficile de démêler tout cela, même avec internet et des livres.
Pour ma part j’ai fait une formation de plusieurs jours dès que j’ai commencé mon activité indépendante sur ces sujets là : cela m’a beaucoup aidée. Mais 3 jours c’est très court pour digérer tout ça et l’appliquer.
J’aurais aimé pouvoir m’appuyer sur quelqu’un les premiers mois pour gagner du temps, faire les bons choix etc.
- Comment voyez-vous le monde après le virus ?
Je suis assez inquiète pour les années à venir et l’économie du pays. Mais comme j’ai une tendance à l’optimisme, je ne vais pas me focaliser la dessus ici.
Je trouve très intéressant les réactions que les gens peuvent avoir face au confinement. Ce temps suspendu nous permet de faire des choses qu’on a jamais eu le temps de faire et développer notre créativité.
Je suis assez surprise de constater que je me fais totalement à ce mode de vie alors que je suis quelqu’un qui n’aime pas l’isolement de base et qui a besoin des gens pour se nourrir.
Je suis très curieuse de voir comment les gens auront évolué sociologiquement lorsque nous sortirons du confinement. Peut-être que nous avions besoin de cela pour revenir aux sources, faire les choses que nous aimons et nous écouter ?